Quelle est votre relation avec le temps ?

Quelle est votre relation avec le temps ?

 Il y a un joli ruisseau qui longe la bordure de notre propriété. En été, nous y rafraîchissons nos corps. Nous suivons ses courbes en automne alors que les grandes fougères fanées nous ouvrent le droit de passage. Pendant l’hiver, nous marchons sur son dos profondément gelé nous permettant d’y circuler aisément jusqu’à ce qu’il joigne la rivière. Gonflé au printemps à en perdre ses limites il envahit les terrassements pour devenir un lac durant des semaines. Il est une constante démonstration du temps qui s’écoule et de la transformation qu’il incite.

 J’adore descendre le sentier pour aller le rejoindre et écouter son doux gargouillement. Debout sur le bord de ses flancs il capture souvent mes pensées pendant quelques minutes et me fait perdre la notion du temps. Fixant mon regard sur l’eau qui circule je remarque dans son courant les feuilles tombées qu’il emporte avec lui.  À ce moment-là, j'ai glissé sur une suite de pensées m’amenant dans la quatrième dimension. Comme les feuilles, nous voyageons et circulons au gré du courant et du temps que nous appelons la vie.

 J’ai réfléchi au langage que nous utilisons quand nous parlons du temps. Y penser peut éclairer notre rapport avec lui, et les croyances que nous avons développés avec cette dimension.

 Utilisez-vous un langage pour parler de votre rapport avec le temps comme suit :

 Je gagne du temps

Je perds mon temps

Je profite du temps

Je donne mon temps

Je prends mon temps

Je n’ai pas le temps

J’ai tout mon temps

J’encaisse du temps

J’échange du temps

Je suis à temps, etc.

 C’est intéressant de s’arrêter pour remarquer la formulation que nous utilisons dans notre quotidien. Reconnaissez-vous les expressions propres aux commerces, aux métiers et aux affaires? Nous avons fait du temps une commodité ! Et nous les humains, sommes aussi devenus des commodités dans le fonctionnement de ces systèmes. Nous pouvons échanger des portions de notre durée de vie pour de l’argent afin de nous permettre en retour de survivre et d’acquérir une forme de sécurité. C’est un échange que nous devons tous faire, mais que nous ne marchandons pas tous de la même façon. Certaines personnes ont un grand besoin de sécurité et sont prêtes à échanger une plus grande partie de leur vie pour le combler. D’autres sont prêtes à prendre plus de risques pour moins de sécurité d’emploi contre une liberté dans le temps.

De plus, nous en faisons souvent notre ennemi contre lequel nous nous battons et repoussons sa pression. Nous nous débattons pour contrôler le temps, particulièrement quand nous l’échangeons pour des emplois qui nous déplaisent ou endommagent notre santé, nous stressent ou nous déshumanisent. 

D’ailleurs, il faut bien se la poser la question qui tue !

Qu’est-ce que le temps ?

Notre capacité d’avoir le concept du temps est basée sur la conscience de notre mortalité. Et le fait d’en être conscient, surtout depuis notre culture industrielle, crée une sorte de course contre la montre. Nous sommes en relation quotidienne avec nos croyances et nos pensées par rapport au temps, parce que nous sommes conscients que nous tournerons la page de notre histoire qui dira ‘’la fin’’.

Cette course contre la montre, serait-elle notre course contre la mort ? Est-ce que le marchandage que nous nous efforçons de faire avec le temps est en fait celui que nous essayons de négocier avec notre mortalité ?

Surtout depuis l’ère industriel, nous sommes conditionnés et éduqués par rapport au concept du temps avec des notions de productivité afin d’être utile à la société. Être occupé avec de multiples projets, engagements sociaux et activités de toutes sortes sont maintenant bien vus dans notre culture.

 En réfléchissant à votre relation avec le temps, comment vous sentez-vous ?

Pensez à des moments où vous rêvassiez, peut-être assis sur un banc de parc en regardant des gens se promener et des enfants jouer. Comment décririez-vous votre relation avec le temps dans ces moments-là ?

Vous permettez-vous parfois des moments seuls, en silence assise en ne faisant rien en particulier ?

Quand nous explorons différentes façons d’être, où les valeurs de temps ne nous tiennent plus en laisse, nous effilochons les liens que nous entretenons avec notre conditionnement. Plus nous prenons le temps de vivre chaque moment, plus le temps ralentit et parfois même au point de s’évaporer. Plus nous nous libérons de notre croyance que nous avons besoin d’être continuellement en action pour contribuer à notre société, plus nous réajustons notre relation avec cette dimension.

Ce qui pourrait alors changer, au-delà de la relation que nous avons développée avec le temps, c’est la relation que nous entretenons avec nous-mêmes, et avec notre vie.

 

 

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