Vous donnez-vous le temps de vivre votre deuil?

J'ai une amie endeuillée de la mort de son père. Alors que nous marchions ensemble, elle pleurait de temps en temps et disait : "Je suis une vraie pleureuse ! Que dirait mon père s’il me voyait dans cet état ? Il ne serait pas content de moi en ce moment parce que je pleure encore sa mort après deux mois!"

 

Il est fréquent que les gens de la génération des Baby-Boomers aient été élevés par des parents adultes mal informés sur le plan émotionnel et qu'ils aient intériorisé l'idée que le chagrin et la tristesse devaient être gardés pour soi. Refouler de telles émotions crée souvent des effets secondaires internes de honte et de culpabilité. J'ai pu constater que ces sentiments étaient actifs chez mon amie alors qu'elle pleurait la perte de son père. J'ai été témoin de la honte qu'elle ressentait dans l’expression de ses émotions intenses et continues qui ne disparaissait pas au bout de deux mois. Cette situation est très fréquente chez les personnes vivant un deuil qui ne sont pas bien informées sur les différents aspects et expressions du deuil. Le deuil est un processus qui prend des mois, et même des années à s’intégrer et devient éventuellement une partie de la vie d'une personne.

 

Elizabeth Kubler-Ross a parlé des cinq étapes du deuil dans ses recherches. Elle nous a lancé sur une bonne piste en partageant ses constatations pertinentes des émotions identifiées que la plupart des gens ressentent en temps de deuil. Il est intéressant de noter que le contexte dans lequel elle a initialement identifié ces émotions était celui de personnes recevant un diagnostic de maladie en phase terminale. Puis, ces 5 émotions ont atteints un autre niveau lorsque Elizabeth Kubler-Ross et David Kessler ont popularisé les cinq étapes du deuil dans leur ouvrage intitulé; On Grief and Grieving (Le chagrin et le deuil) : Finding the Meaning of Grief Through the 5 Stages of Loss. Dans ce livre ils ont fait du deuil un processus ordonné, prévisible et linéaire. La première étape, la deuxième étape, la troisième, quatrième et la cinquième étape du deuil.

 

Des recherches scientifiques plus récentes sur le deuil nous apprend que le deuil n'est pas un processus linéaire avec des étapes, et que le deuil ne limite pas le champ des émotions à seulement cinq d'entre elles. Le deuil n'est pas un processus linéaire en commençant par le déni, ensuite la colère, le marchandage, le désespoir/la dépression et l'acceptation. Ces émotions peuvent tous faire partie du deuil, mais il en va de même pour de nombreuses autres émotions telles que la honte, la culpabilité, la peur, l'envie, la joie, le bonheur, la résistance, l'apathie et bien d'autres encore.

 

Le deuil est une expérience individuelle et personnelle. Une personne peut vivre le deuil de différentes manières en fonction de la nature du décès, de sa relation avec la personne décédée, de son contexte de vie à ce moment-là, etc. Le deuil est souvent vécu par vagues, tout au long de la journée, des semaines, des mois et des années qui suivent l’évènement causant le deuil pour la personne. Essayer de décrire le deuil comme un processus linéaire peut être aidant pour certaines personnes et trompeur pour d’autres. Le deuil peut davantage ressembler à une boule d'émotions emmêlées jetée dans un océan actif avec des vagues de toutes tailles pour beaucoup de personnes.

 

La plupart d'entre nous vivons notre deuil comme nous l'avons fait ou comme on nous a permis de le faire lorsque nous étions enfants. Dans mon enfance, on m'a appris que la tristesse et le chagrin étaient des sentiments à surmonter rapidement. Si nous venions en pleurs voir l'un de nos parents, on nous distrayait en nous faisant boire un verre d'eau, en nous mouchant dans un mouchoir de poche et en nous renvoyant rapidement à ce que nous étions en train de faire. La distraction était la méthode utilisée par mes parents. En cas de différend, nous devions nous excuser et nous serrer dans les bras l’un l’autre pour nous réconcilier. C'était l'entièreté du processus. Nous n’avons appris a exprimer nos émotions pour nous aider à les comprendre et les intégrer.

 

Maintenant une adulte mature, quand je ressens de la tristesse je sais que j'ai une tendance à vouloir contrôler mes émotions, à les refouler et à m'isoler. Je suis encore en train de m'entraîner à vivre consciemment avec la tristesse et le chagrin. Je ne veux pas dire me complaire dans la tristesse et en faire un mode de vie, mais plutôt être avec elle et la laisser m'accompagner le temps qu'il faudra. Je m'entraîne à accepter d'être triste, en colère ou bouleversé, de respecter mes propres raisons pour ressentir ce que je ressens et à prendre le temps de comprendre et de soigner mes émotions.

 

Lorsque je suis prête, il est important pour moi de m'exprimer et je le fais généralement en m’ouvrant et me confiant à quelqu'un en qui j'ai confiance. Parfois j’écris dans mon journal sans filtre ni retenu tout ce qui a besoin d’être exprimé. J'ai également eu recours à la danse expressive dans des périodes de deuil prolongé ou d'émotions intenses, et cela m'a été très bénéfique. Parfois, les mots ne suffisent pas ou me bloquent, et le mouvement m'aide à sortir de ma tête.

 

Aujourd'hui, j'ai un accès facile à la nature, alors je me promène dans la forêt. C'est toujours apaisant pour moi d'être entourée d'arbres, de suivre l'eau d'un ruisseau, de marcher sur de la mousse couverte d’aiguilles de pin et d'être en contact avec la terre. Ou en hiver, je me promène en raquettes sur le sentier que j'ai tracé, je sens le froid sur mes joues et j'observe les traces d'animaux dans la neige. Tout ce qui peut m’aider à calmer mon système nerveux afin d’avoir accès à ce qui me perturbe, au-delà de la charge émotive.  

 

J’aurai toujours besoin de parler pour assimiler mes émotions. J'ai besoin d'être entendu, écouté et reconnu. Il n'y a rien de mal à cela, au contraire. C'est un besoin humain fondamental que j'honore.

 

Parce que mon besoin de m'exprimer est fondamental, j'ai naturellement développé la capacité d'écouter les autres, en particulier dans les moments de deuil et d'émotions difficiles ou inconfortables. En tant que coach en matière de deuil, je sais combien il est important de créer un espace sécurisant pour quelqu'un qui traverse des émotions complexes et inconfortables. Être capable d'écouter sans avoir envie d'arranger, de distraire ou de changer les sentiments et les émotions intenses d'autrui est précieux. Et, ce n'est peut-être pas si facile à trouver dans notre environnement immédiat.

 

En tant qu'accompagnatrice de deuil, je respecte le rythme du processus actif du deuil de chaque individu. Le plus important pendant le deuil actif est de donner l'espace aux émotions qui nous traversent. Donner du sens et de l'espace aux émotions qui nous traversent prend du temps, beaucoup de temps. C’est la période pendant laquelle nous nous efforçons de traiter et de nous adapter aux changements auxquels nous sommes confrontés.

 

Vous êtes peut-être en deuil à la suite de la perte d'un être cher, d'un divorce ou d'une séparation, d'un déménagement important, de votre retraite, d'une perte ou d'une interruption de grossesse, du syndrome du nid vide, des effets de la ménopause, et la liste est encore longue des différents deuils que nous puissions vivre au long de notre vie. Nous ressentons tous du chagrin. Mais nous ne vivons pas tous le deuil librement et consciemment. La conscience du deuil nous permet d'intégrer et d'utiliser nos expériences pour grandir, développer la résilience et la compassion.

 

Vous ressentez peut-être que vous n'avez pas le temps de donner place à ses émotions et sentiments parce qu'il se passe trop de choses en ce moment, ou dans cette période de votre vie actuelle avec les responsabilités des enfants et du travail. C'est sans doute vrai. Mais votre deuil lui, et vos émotions qui y sont cachées à l’intérieure, il attendra le moment où vous serez prêt-e. Il ne disparaîtra pas.

 

Lorsque vous pouvez vous donner le temps de vivre votre deuil, quel qu'il soit, il vous vous y rejoindra. Et si vous souhaitez être accompagné-e et soutenu-e dans ce processus par quelqu'un qui possède l’expérience et les connaissances du deuil, je suis là pour vous. Ensemble nous créerons l'espace dont vous avez besoin pour le vivre. Avec compassion, sans jugement et avec des outils pratiques, mon espace de coaching en matière de deuil est prêt à vous accueillir quand vous le souhaitez. Je vous y rencontrerai.

 

 

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La ménopause et le deuil du vieillissement, une porte ouverte sur la sagesse.